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9 janvier 2008 3 09 /01 /janvier /2008 05:20
                                 LA DER DES DER

LES VISITEURS DU SOIR
 
caveirac.jpgCaveirac est un petit village Gardois où il ferait bon flâner par ses ruelles typiques. Oui, qu’il ferait bon visiter son château édifié au XVIIe siècle qui abrite aujourd’hui la mairie. 

Qu’il ferait bon s’arrêter sur un banc pour méditer dans le parc dont les plans ont été dessinés par Le Nôtre sous le couvert d’arbres plus que centenaires…Qu’il serait agréable de découvrir l’église romane de Saint-Adrien, qui est inscrite à l’inventaire des monuments historiques.
 
 
Mais en ce samedi 5 Janvier 2008, Caveirac fête les 20 ans de sa célèbre course pédestre et les 420 bipèdes qui vont déferler sur le pavé luisant de pluie ne sont pas là pour goûter aux charmes de la cité Languedocienne. 10,200 km bien vallonnés attendent le coureur repu par de nombreuses agapes, sortant à peine de cette période à hauts risques pour la forme (et les formes !) que sont les fêtes de fin d’année ; les galettes de l’Epiphanie, ouf, ne seront que pour demain !!!
Agape, d’ailleurs, est un terme qui, comme tant d'autres s’est élargi dans sa signification. Au départ, il s’agissait du repas pris en commun par les premiers chrétiens (agape vient du grec agapê, amour…de la bonne chère aujourd’hui !?)
 
IL FAUT TOUTE RAZON GARDER !
 
Il est 14 h, les courses « jeunes » sont lancées, les « grands » s’échauffent déjà : le départ est dans une heure. Un homme, bien connu de tous les coureurs de la région, pionnier parmi les pionniers de l’animation sportive, micro en main, juché sur un podium, présente le palmarès des athlètes présents à Caveirac. 
Cet infatigable acteur de ce Tour Pédestre tire aujourd’hui sa révérence après 20 ans d’implication…Les coureurs sont là, ce soir, pour lui rendre un hommage appuyé. Merci monsieur Claude Razon pour toutes ces années passées à offrir à des milliers de sportifs une course plus belle et plus accueillante à chaque édition…
Claude, qui depuis maintenant 20 ans est à la tête de la course de son village, avait averti en 2007 «ce sera également ma dernière en tant qu’organisateur, je veux passer le flambeau à d’autres plus jeunes que moi ». Et il avait raison, car ce fut vraiment la fête, même si le record de participation n’a pas tremblé cette année, sans doute en raison d’une météo défavorable…
 
JOUR DE FETE
Pour cette 20e édition, les coureurs sont venus de toute la région pour rendre un 

dernier hommage à cet animateur infatigable.

Dans le sas de départ, le peloton trépigne et à la fin du décompte, c’est un fauve qui est lâché par les ruelles étroites du village Gardois. Nous serons 420 à franchir la ligne d’arrivée au terme de ces 10,207 km courus entre route et sentiers boueux à souhait (pas de record cette année !) entre vignes et ruelles, entre plat et (très) grosse côte !
 
Un plateau particulièrement relevé avait fait le déplacement et du beau monde, y en avait, tant chez les hommes que chez les femmes…
 
FENETRE SUR COUR (SE)
 
Placée aux avant-postes sur la ligne de départ je regarde les athlètes autour de moi. A une minute du coup d’envoi, ils ont tous l’index sur le bouton de la montre, prêts à déclencher le chrono. Ma coéquipière de la Foulée Lagardienne est là, elle aussi tendue comme un arc bandé. Elle me souhaite une bonne course…Merci et c’est ce que j’espère aussi ! Car, pour moi, cette épreuve risque de bien porter son nom…
 
En effet, pendant l’échauffement, j’ai fait la reconnaissance d’une partie du parcours (histoire de rentrer psychologiquement dans la compétition…ou de me démoraliser !), et notamment de la fameuse côte…Waouh ! Ca promet !!! Sûr que tout à l’heure, après une première boucle de 5 kilomètres dans les jambes, elle sera encore plus pentue ! Je m’imagine déjà avec les piolets et les crampons en pointes avant ! Aie ! Pourquoi ne suis-je pas restée à la maison ? Trop tard ! L’étau des coureurs s’est resserré autour de moi et je suis prise au piège. Je vais devoir courir, et vite, car le départ vient d’être donné et je sens derrière moi une masse chaude me pousser en avant. 
IMG-1873-copie-2.jpg

Si je ne veux pas tomber et me faire piétiner par 840 pieds, j’ai intérêt à avancer ! A fond ! La rue est en faux-plat descendant et nous filons à 20 km/h pendant 300 mètres…soudain « virage à droite imminent », pas le temps de mettre le clignotant, emportée par le flot des coureurs affamés je contrôle à peine ma vitesse et prends la corde sur les chapeaux…des baskets ! Ouf ! Le plus dur est fait…Le peloton s’étire maintenant le long d’un chemin extrêmement boueux et piègeux…A côté de moi, un coureur Nîmois baptise ses belles chaussures un peu trop neuves ! Ca glisse…ça colle.
 
Chantal a pris la tête de la course, je suis en deuxième position. Ca ne va pas durer, je le sais bien, mais je savoure quand même ce moment…Au deuxième kilomètre, j’aperçois dans mon rétroviseur une féminine. Elle remonte à ma hauteur. Je lutte un instant pour la faire douter, histoire de ne pas lâcher trop vite le morceau, mais je reconnais alors Yana Lelut et rends les armes sans me griller davantage. Cette adversaire est meilleure que moi, et à mon corps défendant néanmoins, je lui laisse prendre le large et espérant toutefois que Chantal Baillon aura des arguments autres que les miens ! Et allez, ça y est : un point de côté. Comme d’habitude…je vais devoir le mener jusqu’à l’arrivée. Ca va être agréable de courir un couteau entre les côtes !
 
Ce chemin n’en finit plus, et je perds un temps précieux à chercher des appuis stables. Je n’ai jamais été douée dans ce genre de terrain difficile qui me rappelle les cross. Sauf qu’aujourd’hui, je n’ai pas de pointes sous mes semelles…Bon, je suis troisième, pas si ridicule. Les Sylvie Foudrinier, Josy Nouis, Corinne Garaud et consorts sont derrière…pour l’instant ! 

3e kilomètre : nouvelle attaque :  une coureuse tente de s’infiltrer dans le peloton de tête ! Alerte ! Mince, quelle foulée…une vraie pistarde, cette fille qui me passe par la droite. Je m’accroche tant bien que mal (euh, plutôt mal que bien d’ailleurs…) mais ses semelles me renvoient au visage toute la boue du chemin ! Je vais être propre à l’arrivée. Les masques de boue, c’est bon pour la peau ; je m’essuie les yeux. Non, n’exagérons rien, je ne pleure pas !!! Je tente juste d’écarter les paupières soudées par la terre argileuse. Je vais suivre mon adversaire de loin (pour éviter ses projections sournoises) et à la moindre faiblesse, au moindre ralentissement de son allure, je fondrai sur elle comme le rapace (74) sur sa proie. J’apprendrai plus tard qu’il s’agissait de l’anglaise Siobhan Budd, bien connue des podiums dans la région et spécialiste du 800, 1500 et 3000 m notamment. Euh, je m’en étais doutée…
 
Bon, me voici 4e…la mauvaise place s’il en est ! Pas question de céder encore une fois. Quoi ? Que vois-je ? Une autre fille tente de revenir sur moi ? Mais, c’est pas possible ! C’est l’hémorragie ! Non, à celle-là, je dis « stop, c’est trop ». Je reste devant, relance et finalement, c’est elle qui baisse le pavillon. Non mais. C’est pas bientôt fini ?
 
Ouille ! La côte ! L’ogresse m’attend. Non, je le sais maintenant, alors que je marche dans cette maudite pente où de très nombreux spectateurs sont venus assister odieusement à l’agonie des mauvais grimpeurs dont je suis, que je ne reviendrai pas sur la coureuse de la perfide Albion. Ce ne sera pas l’entente cordiale aujourd’hui ! Je la vois devant moi qui avale la côte du Gard, comme moi les côtes…du Rhône ! Ouf ! « Ouf » Les organisateurs ne manquent pas d’humour : ils ont écrit cet onomatopée sur le goudron au sommet du calvaire…La descente est rapide mais terriblement glissante et je n’ai pas les pneus hiver…faut garder les freins à porter de main.
Mon copain Zak a profité lâchement de ma totale déconfiture pendant cette montée pour me doubler. T’inquiète pas Zak, tout se paie…J’ai les noms !
 
Deuxième tour, je suis en pilotage automatique. Personne ne reviendra de l’arrière, le trou s’est creusé et sauf incident de dernière minute, le podium scratch est fait. Les organisateurs n’ont pas eu la cruauté de nous infliger un nouveau passage par leur satanée côte (il n’y aura que Chantal Baillon pour le déplorer, la pôvre !), et je file désormais vers l’arrivée. 
8e kilomètre, coup de théâtre : devant moi, à la faveur d’une ligne droite, j’aperçois Yana Lelut qui semble au ralenti. Il me faut saisir ma chance. J’accélère, faisant hurler mon point de côté. Je serre les dents et remonte à sa hauteur. Je l’encourage « Allez Yana ! C’est presque la fin ». Cette dernière tourne la tête vers moi et relance. Nous restons côte à côte quelques mètres et puis hop, plus rien, elle disparaît de mon champ visuel. J’en remets une couche ! Pas question de lâcher l’affaire à moins de 2 kilomètres de l’arrivée. Cette 3place était inespérée, je vais m’y accrocher bec et ongles…Je constate, en effet, que j’ai accéléré car, de nouveau j’aperçois Chantal. Zak est dans sa foulée ! Ca y est…faux-plat descendant, ligne droite emplatanée, c’est l’arrivée. J’ai beau allonger la foulée, courir en apnée, les poings serrés et les mâchoires crispées, impossible de revenir sur eux ! Moins de 30 secondes de retard…
Bon, j’ai limité les dégâts et je me rapproche lentement, mais sûrement de ma coéquipière qui n’a, elle non plus, pu résister à l’invasion anglaise…
 
Chantal est 1ère V2, moi, j’assure la victoire dans ma catégorie des V1, 2e et 3e
scratch, nous ne sommes pas ridicules pour cette première participation au « Tour pédestre de Caveirac »

DSC06642.JPG
Photo Rose Cormon
 
RESULTATS DES 8 PREMIERES SCRATCH

Siobhan Budd
Chantal Baillon
Sylvie Faure-Brac
Virginie Saez
Josy Nouis
Sylvie Fourdrinier
June Dixon
Corinne Gayraud
 
RESULTATS DES 8 PREMIERS SCRATCH

Fabien Manzanarès
David Laget
Gilles Manse
Abdel Yacoubi
Thierry Sabatier
Eric Agrinier
Mickael Bouchemit
Eric Gelly
 
 
L’AFTER COURSE
 
Comme d’habitude, le meilleur est à venir…nous nous retrouvons tous, bien au chaud avec mes amis kikoureurs : Zak (non, je ne t’en veux pas !!!), Cedre, Mcfly, et Crapahut pour une restauration bienfaitrice ainsi que pour une séance photo.

P1080972.JPG
 
AU REVOIR LES ENFANTS !
 
La remise des récompenses se déroulera dans une ambiance bon enfant, et lorsque Claude Razon, ému, annonce, comme promis, son retrait de l’organisation de la course, c’est un tonnerre d’applaudissements qui salue la sortie de l’artiste.
 
Bravo monsieur, veuillez recevoir ce « Spiridon d’or» pour l’ensemble de votre œuvre. Le rideau se baisse lentement sur 20 ans d’aventure sportive. Mais, ce n’est qu’un au revoir, car Claude continuera à assurer des animations de courses. Car, oui, Claude est un animateur, au sens latin du terme, c’est à dire l’âme (anima), le principe vital, immanent, et transcendant. C’est un homme généreux doué de vie, et il animera encore longtemps nos courses, je l’espère, avec ce talent qui est le sien depuis tant d’années…



P1080981.JPG


Pour lire l'article de René REBOUL :
 
http://www.cevennes-sports.fr/Articles/tabid/380/articleType/ArticleView/articleId/439/Default.aspx
 
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commentaires

L
C'est toujours un plaisir de lire un CR en excellent français. Bonne idée l'hommage à l'organisateur, j'ai été moi-même organisateur de course pendant 6 ans et j'ai souvent observé que les coureurs ignoraient l'ampleur de la tâche. On aurait aimé avoir eu des infos sur ton temps, histoire d'admirer la performance
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T
39'21 !
G
Merci Sylvie, c'est toujours un réel bonheur de te lire.Tout y est, une fois de plus, la culture, l'émotion, la joie de vivre, la rage de vaincre, le mental et cette endurance à la douleur...Tu n'est pas comme nous Sylvie, tu es beaucoup mieux !!!JC_aussi_admirateur_que_totoche88_de_titifb
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Z
Waouh quel cr ! on est dedans du début jusqu'à la fin !Merci pour tous les honneurs que tu me fais, et encore mille merci pour le tee shirt !Je suis content aussi d'avoir pris ma revanche d'anduze ... Ce fut une sacré course en tout cas, avec plein de rebondissements ...Tu as maitrisé ta course parfaitement, l'experience paye toujours. Par contre comment fais tu pour courir avec un point de coté ??? tu es une dure au mal !Bisous @ bientot !
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T
Bonjour et bonne année à toi ....Une belle santé et mille et un bonheurs pour toi et tes proches Le cru 2008 de notre Titifb s'annonce comme un cru très prometteur.Un récit plein comme d'hab, avec tout les ingrédients qui font que ces récits sont inimitables....Bref que dire à part que ce n'est que du bonheur !!!!!!!!!!!!!!!!Totoche88-fan-addict-accro-grave-des-récits-de-Sylvie!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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C
Du talent autant stylo en main que running aux pieds, des lettres de toute évidence, un sens de la dramaturgie, une volonté de fer, un fair play indéfectible, une bonne humeur inégalée et oui c'est bien elle, la générosité faite kikoureuse, la bien nommée TITIFB....
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