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8 août 2006 2 08 /08 /août /2006 08:07
MARDI 8 AOUT 2006 (Soleil, fraîcheur)
LA MONTEE EN COURANT AU CHABERTON

Entraînement "montagne" au Chaberton (3131 m)

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Il est 8 h lorsque nous quittons la voiture dans la fraîcheur de ce petit matin frileux (6°). Nous sommes à Montgenèvre, sur le parking de la route qui conduit au Village du Club du Soleil. Nous avons l'intention de monter en haut du Chaberton en courant ! Ce sommet culmine à 3131 m (c'est une des plus hautes cimes du briançonnais) et pour préparer la course des championnats de France de Courchevel, c'est important pour nous, de faire des séances à des altitudes élevées.

Un peu d'histoire :

Le pic du Chaberton était italien jusqu'en 1945, et les transalpins avaient arasé de 6 mètres la pyramide sommitale pour y installer 8 tourelles de béton (qui sont toujours en place) supportant des canons de gros calibre (qui n'y sont plus !).

En 1940, le fort Italien du Chaberton, perché au-dessus de Briançon fut une des préoccupations majeures du commandement français. Le Chaberton fut construit à partir de 1891. Il comprenait une caserne, surmontée de 8 tours d'artillerie. Chaque tour était armée d'un canon. Les français construisirent un observatoire cuirassé dans le fort Maginot du Janus ainsi que deux observatoires de campagne pour surveiller le Chaberton. Quatre positions de campagne pour mortier furent établies à contre-pente. Deux pièces étaient installées au Poët Moran et les deux autres à l'Ayrette, hors de vue des observateurs italiens.

Le 21 juin 1940, les quatre mortiers ouvrirent le feu sur le Chaberton. Le temps était nuageux, profitant de chaque éclaircie, les observateurs réglèrent le tir sur les tourelles du fort. Le téléphérique du Chaberton et tous les autres furent détruits. Les Transalpins tentèrent de riposter mais les tourelles furent très vite endommagées.Du côté Italien il y avait neuf tués et une cinquantaine de blessés et brûlés ; aucune perte à déplorer du côté des Français !

Mais, trêve d'Histoire ! Nous remontons le Vallon des Baisses, autrefois appelé le Rio Secco, de notre petite foulée tranquille, il faut bien s'échauffer avant les choses sérieuses. Le large sentier est en sous bois, balisé rouge et blanc, aux couleurs du GR 5 (traversée des Alpes). La pente n'est pas trop raide, et j'arrive encore à rester à la hauteur de Chantal. Plus pour très longtemps je le crains, car nous avons 1300 m de dénivelé à avaler pour rallier le sommet et qu'il va bien falloir les prendre quelque part !

Si c'est au pied du mur qu'on voit le maçon, c'est au pied de la montée qu'on voit les vrais coureurs de montagne. Nous quittons le GR, traversons le Rio Secco (complètement secco, d'ailleurs) dont le lit est encombré de pierres. Il faut être bien attentives à l'endroit où l'on doit mettre les pieds sous peine de sanction immédiate. Nous rejoignons l'abri des 7 fontaines à 2253 m. Le refuge est plus que spartiate : il est vide de tout meuble, mais, malheureusement rempli de détritus !

Là, maintenant, la terrible pente du col du Chaberton se dresse devant nous aussi abrupte qu'un rempart. Le dénivelé, il est là !!! Nos chemins se séparent avec ma partenaire qui m'abandonne à mon triste sort. Façon de parler car, ici, malgré les efforts qui m'attendent je me sens comme un poisson dans l'eau, euh, comme un chamois dans un éboulis ! Chantal m'épate, vraiment ! Je ne sais pas comment elle réussit à courir dans ce sentier, non seulement très raide, mais en plus très glissant, car encombré de petits cailloux qui font glisser les semelles des chaussures aussi sûrement que des peaux de bananes ! Des éboulis, très difficiles à négocier pour moi...Nous remontons à grande vitesse (!) de nombreux randonneurs partis bien plus tôt que nous. Ils marchent l'échine pliée en deux sous le poids de gros sacs à dos, la main sur une canne ou un piolet, engoncés dans des anoraks bariolés. Peut-être confondent-ils le sommet du Chaberton avec l'Himalaya ? Ils nous regardent les dépasser les yeux exorbités d'étonnement. Il y a beaucoup d'italiens et les Ciao, buon giorno fusent à chaque rencontre ! Des encouragements aussi ! Brava ! Campionissima ! Ca me coûte de répondre, mais je suis polie ! Entre deux halètements, je souris, et ciao, io sono un po premuta ! (je suis un peu pressée).

Le sentier se perd par moment dans les éboulis poussiéreux, mais je ne m'en préoccupe guère car je fonce droit dans la pente en prenant tous les raccourcis possibles. Si je veux limiter mon retard, je n'ai pas d'autre option ! C'est dur, mais ça me plait ! Si je veux m'arrêter, je peux le faire, sans avoir peur qu'une concurrente ne me passe...Chantal, par je ne sais quel miracle, continue de courir. Qui lui a raconté que les tourelles du sommet étaient en chocolat !

Certains passages sont délicats et réclament toute mon attention, ainsi que l'usage de mes mains (un peu d'escalade, ça change !). Je lève la tête et aperçois Chantal au col en grande discussion avec un groupe de randonneurs qui, certainement sont interloqués d'avoir vu apparaître dans leur champ de vision une gazelle blanche (couleur de son tee shirt), espèce très rare dans ce biotope ! A mon tour je parviens à hisser ma carcasse à 2674 m. Une dame me dit : "C'est bien, vous êtes seconde quand même !" Ma fierté m'empêche de lui dire que nous ne sommes que deux ! Je récupère rapidement, comme les enfants ! Maintenant le sentier bifurque à droite, et de grands lacets attendent nos foulées. Comme j'en ai l'habitude, je prends au plus court, dans les raccourcis. Je dois m'accrocher becs et ongles dans certains pour ne pas me retrouver au col !!! Descendez, on vous demande ! Je perds tellement de temps que je m'interroge sur le bienfondé de mon itinéraire. Gagné-je finement autant de temps que cela. Je retrouve les lacets, où je cours un peu pour me détendre les jambes. Je consulte mon G.P.S.: 3000m, j'y suis presque ! J'arrive à faire quelques foulées à cette altitude. Le souffle me manque pour aller vite.

Chantal est déjà au sommet, bras écartés comme Leonardo Di Caprio dans le film de James Cameron : le Titanic. "Io sono la regina della montagna !". 3131 m LE SOMMET ! 1h31. Temps de Chantal 1h20 ! Ai-je limité les dégâts ? Le froid est vif et j'enfile le sweat que je transporte dans mon Camelback, je croque une barre énergétique. Je l'ai bien méritée...La vue est superbe à 360°. On domine Montgenèvre, Clavière, Briançon, Cesana Torinese, la station de ski de Sestriere, et au loin, sur écran géant les Ecrins, le Pelvoux, le pic de Rochebrune etc. Le temps de faire quelques photos et nous plongeons dans une descente folle ! Nous croisons nos randonneurs du col qui montent lentement. Une dame dit : "Già di ritorno !" Eh si ! Pas le temps de papoter ! La pente me propulse en avant, peut-être plus vite que je ne le voudrais parfois. Chantal tempère mon enthousiasme ! Une chute serait mal venue ici. Mais, la descente, c'est mon grand plaisir ! Je fonce, je vole, je saute, je glisse, je me rattrape...

Retour sur le parking après 2 h24 de séance...et plus de 15,5 km !

Aujourd'hui, il y avait bien sur la montagne, deux personnages en quête de hauteur !
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  • : Courir Plus Haut
  • : Le blog de Titifb, passionnée de montagne. 6e des championnats du monde Master de course en montagne 2006. Trails, 10 km, plans d'entraînement, conseils, récits de courses...Coach d'une équipe de coureurs Drômois.
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